Etudiants, les questions à vous poser avant de choisir entre droit public et droit privé

Etudiants, vous commencez à percevoir vos préférences pour certaines matières à l’issue des deux premières années de licence en droit. En troisième année, vous débuterez une spécialisation en vue du choix d’un Master. Vous devrez alors vous questionner sur vos sensibilités et évaluer si vous vous sentez plutôt “privatiste” ou “publiciste”.

La Licence de droit, bien qu’encore structurée autour de matières communes telles que procédure administrative, droit du travail, droit européen, régime des obligations, droit des sociétés, libertés fondamentales, permet un début de spécialisation entre les deux grandes branches que sont le droit public et droit privé via le choix des options.

Pour étayer ce choix qui dépendra évidemment de votre attirance pour l’un ou l’autre de ces domaines du droit, voici quelques pistes susceptibles de vous aider dans votre réflexion.

La distinction droit privé / droit public.

Rappelons simplement que le droit privé régit les relations entre les personnes privées, qu’elles soient physiques ou morales (entreprises notamment). Il traite des intérêts privés et se subdivise en de nombreuses branches, comme le droit social, le droit des affaires, le droit civil, le droit pénal.

Le droit public, quant à lui, est au service de l’intérêt général. Il régit les relations entre personnes publiques elles-mêmes, et entre les personnes privées et les personnes publiques. On entend par personnes publiques, par exemple, l’Etat, les collectivités territoriales, bibliothèques municipales, les universités. Le droit public se subdivise également en diverses branches, telles que le droit administratif, le droit constitutionnel ou encore les finances publiques et le droit international public.

Les spécialisations en droit privé et droit public.

Si vous avez un solide dossier, le fait d’avoir choisi des matières en droit public au niveau de la L3 ne devrait pas vous empêcher de candidater à des Masters en droit privé ; et vice versa. A ce stade de l’orientation, ce n’est pas totalement figé. En revanche le choix du Master 1 est beaucoup plus déterminant pour le choix du Master 2.

C’est pourquoi, il semble essentiel d’appréhender tous les domaines du droit le plus longtemps possible et de développer sa culture juridique, historique et sociétale. De solides connaissances générales stimuleront votre réflexion quant à votre avenir professionnel et accroîtront vos opportunités de carrière.

Lorsque vous aurez débuté une carrière dans l’un ou l’autre des domaines du droit, il deviendra en effet plus difficile de changer d’orientation. Même si vous reprenez des études, si vous avez passé 5 ou 10 ans comme juriste en entreprise privée, il sera aventureux de postuler dans une collectivité territoriale, par exemple : vous peinerez à vous démarquer des autres candidats, déjà opérationnels parce qu’ayant une expérience dans le domaine. Et on le sait, l’employeur prend rarement de risque en matière d’embauche…

Les débouchés.

Ce tableau n’a pas vocation à être exhaustif mais permet de se rendre compte que les débouchés sont tout aussi variés en droit privé qu’en droit public. Pourtant environ ¾ des étudiants choisissent le droit privé, ce qui implique une plus grande concurrence sur le marché de l’emploi.

Débouchés avec une spécialisation en …Droit public (intérêt général)
Choix d’environ ¼ des étudiants
Droit privé (intérêts privés)
Choix d’environ ¾ des étudiants
Carrières privées et en juridictionsMagistrat (juridictions administratives et financières)
Greffier
Avocat publiciste (urbanisme, immobilier)
Avocat en droit public des affaires
Collaborateur politique
Juriste au sein d’un organisme social
Juriste d’entreprise (contrats de commande publique – partenariats public-privé, droit de l’environnement, droit domanial)
Magistrat
Avocat
Greffier
Huissier de justice
Juriste d’entreprise
Notaire
Secrétaire juridique
Mandataire judiciaire
Métiers spécifiquesEnseignant / chercheur / universitaire
Contractuel des secteurs publics
Attaché territorial
Attaché de préfecture
Diplomatie internationale
Directeur des services pénitentiaires
Conseiller d’insertion et de probation
Administrateur civil
Directeur ou attaché au sein d’un hôpital
Commissaire de police
Officier de gendarmerie
Inspecteur des finances publiques
Juriste droit public communautaire, appels d’offres européens
Avocat en contentieux européen
Enseignant / chercheur / universitaire
Chaque domaine du droit privé mène à des métiers distincts :
Avocat / juriste droit bancaire
Avocat / juriste droit social
Avocat / juriste fiscalité
Avocat droit de la famille
Délégué à la protection des données
Avocat / juriste assurances
Avocat / juriste Compliance
Contract Manager
Juriste Legal Design
Commissaire priseur
Arbitre international
Médiateur inter entreprises
Conseil en propriété industrielle

Le droit se complexifiant, de nouvelles spécialités et de nouveaux métiers apparaissent. Le juriste en protection de données personnelles (DPO en anglais), le Compliance Officer, le Legal Operations Manager ou le Legal Designer sont des profils très recherchés depuis quelque temps. Quant au droit public, il se développe au sein des Cabinets et entreprises car il permet de traiter des sujets au cœur de l’activité économique tels que le droit de l’énergie, le droit de l’urbanisme, les contentieux constitutionnels ou encore le droit de l’aide sociale.

Quelques conseils pour trouver sa voie.

1. Pour bien vous orienter et ne pas regretter vos choix, il vous faut élaborer un projet professionnel qui vous motive au cours des années de Licence. Etudiez ce qui vous plaît, soyez curieux, renseignez vous sans a priori sur toutes les options, spécialisations et métiers qui vous attirent.

2. Ne vous spécialisez pas trop vite afin de garder un large choix le plus longtemps possible et de conserver la possibilité de changer d’orientation si besoin.

3. Faites des stages, n’attendez pas d’être en dernière année de droit ou à l’école du Barreau ou à l’ENM pour découvrir le monde professionnel. Essayez de varier les expériences : elles vous permettront d’affiner votre projet, de le confirmer ou l’infirmer, le choix entre cabinets d’avocats, PME, grandes entreprises, associations, juridictions, administrations, start-up, restant ouvert. L’écart entre l’appétence pour un métier ou un domaine du droit et la réalité professionnelle peut parfois être colossal et mieux vaut en être conscient avant de poursuivre. A l’inverse, il n’est pas rare de découvrir un métier que l’on avait méjugé.

4. Essayez de partir à l’étranger pour étudier LLM [1] ou travailler, rare occasion de découvrir un pays, une culture, perfectionner votre niveau de langue, et gagner en maturité. Cette expérience en outre, enverra aux futurs recruteurs un message très positif sur votre capacité à quitter votre zone de confort et à évoluer dans un parcours international. [2]

5. Enfin, même si cela est assurément peu aisé en temps de Covid-19, créez des opportunités de rencontres ou de discussions avec des amis et votre réseau élargi afin d’aiguiser votre curiosité. N’hésitez pas à créer un compte sur LinkedIn pour commencer à nouer des liens, à aller à la rencontre d’associations, échanger en ligne gratuitement avec des étudiants disponibles sur les plateformes [3].

Pour faire les bons choix et ne rien regretter : investiguez, observez, échangez, découvrez, comparez, testez… en résumé, soyez ouverts et curieux !

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